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août 2012, les rouages de mon apprentissage se sont mis en mouvement ;
Aujourd’hui, c’est le début tant attendu de mes cours, dans le cadre de la
« formation modulaire en horlogerie », que je vais suivre auprès du
« CIP » de Tramelan.
J’ai
des sentiments partagés d’excitation et de curiosité, ne sachant pratiquement
pas à quoi m’attendre en la matière… Je le saurai bien assez tôt, car à peine
le temps de rejoindre en courant le lieu de cours et passé le petit tour de
présentation des participants, me voici avec un calibre ETA 6497 dans les
mains. Mais que vais-je en faire ? Hé bien le démonter mon bon Monsieur,
comme ça, sans crier gare ! Diantre, voilà ce qui s’appelle être plongé
dans le vif du sujet !
Piloté
via des écrans renvoyant l’image de la manipulation exécutée en même temps par
notre formateur, je dois avouer que les choses se sont bien passées, il est
vrai que comme tous les petits garçons, j’ai toujours trouvé plaisant de
démonter un tas de choses. Peu de suspens sur la prochaine étape, promise pour
le surlendemain, seconde soirée, le remontage !
J’ai
oublié de vous dire le plaisir consistant à traverser les paysages du Jura, des
Franches-Montagnes en particulier, faisant de mon trajet un plaisir plutôt
qu’une punition. Mais pour l’heure, il s’agit de remonter ce diable de calibre,
étalé devant mes yeux en une multitude de platines, ponts, rouages et vis, plus
quelques pièces aux noms pour l’instant ésotériques pour moi. Les « tirette »,
« rochet », « coq » et autres « barillet »
finiront par devenir familiers, au fil des démontages et remontages successifs,
qui à chaque fois, serviront à nous apprendre de nouvelles choses.
Pour
ce premier remontage, j’ai eu le plaisir de faire la constatation que, bon an
mal an, mes gros doigts ayant fait fonctionner une toute autre mécanique –
faire le trajet en moto pour me rendre à mes cours est en effet une belle façon
de profiter de l’itinéraire – juste avant de me mettre une loupe sur l’œil
gauche, ces gros doigts donc ne me trahissent pas pour cette tâche demandant
finesse et précision. Cependant, je me suis fait la remarque qu’en horlogerie,
« remonter l’ancre » est bien plus compliqué que cela ne doit l’être
pour le capitaine Haddock !
Au
fil du temps donc, remontage après remontage, me voici en train de me
familiariser avec de nouvelles techniques, de nouvelles opérations
indispensables au bon fonctionnement de ces mouvements qui finiront peut-être par
perdre en magie, mais surtout pas en fascination !
Ne
disais-je pas moi-même que j’escomptais « transformer la magie en
savoir » il y a peu ? Me voilà comblé !
Après
le remontage « simple » du début, j’apprends à « contrôler les
ébats » Non pas que je me retrouve dans un office de planning
familial ou encore inspecteur aux mœurs, non, mais il s’agit de s’assurer que
le jeu libre de chaque rouage, pris entre ses « rubis », corresponde
à une certaine valeur ; et à propos de valeur, les rubis en question sont
synthétiques me dira-t-on, ce qui finira pas décevoir mon fils qui pensait me
subtiliser mon calibre pour les récupérer !
Pour
ce faire, me voilà en train de « pousser des pierres » avec
l’application d’un esclave érigeant le temple d’un pharaon… Comme je le
craignais, m’en prendre ainsi à des rubis ne pouvait que finir « à la
potence », du nom de l’outil ad hoc !
Une
des étapes suivantes sera dévolue au graissage et à l’huilage, à ne confondre
sous aucun prétexte. Sur ce coup-là, je dois avouer avoir été épaté ! La
petitesse et la minutie de ces opérations m’ont laissé pantois, lorsqu’il s’est
agit d’aller « chatouiller » les extrémités de l’ancre pour les
enduire d’une infinitésimale gouttelette d’huile, j’ai bien cru un instant être
en train d’appliquer du déodorant sous les aisselles d’une fourmi !
Comme
rien ne semble arrêter notre formateur, il lui a également pris l’envie de nous
faire faire quelque chose que tout être sensé se refuse à tenter, ou même à
imaginer : faire sortir un ressort de son logement !! En l’occurrence le ressort du barillet,
si ! Et bien-sûr, il s’est ensuite agit de le remettre à sa position
initiale ! Malgré d’intenses précautions, cela n’a pas manqué, ce diable
de ressort s’est échappé comme... le diable de sa boite !
Pourtant,
à l’heure où je vous parle, ce calibre est bel et bien remonté et fonctionnel,
prodige de l’apprentissage ou destin mû par des forces supérieures, allez
savoir, mais pour l’instant, ma formation tient la route, grâce aux ponts et chaussées
bien à leurs places !
Ce
qui m’attend désormais, c’est de se remettre à tout cela et sans doute plus
encore, mais sur un nouveau calibre, plus petit, et plus compliqué, une chose
qui me réjouis plus qu’elle ne m’effraie !
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