lundi 14 janvier 2013

Déodorant pour fourmi !



14 août 2012, les rouages de mon apprentissage se sont mis en mouvement ; Aujourd’hui, c’est le début tant attendu de mes cours, dans le cadre de la « formation modulaire en horlogerie », que je vais suivre auprès du « CIP » de Tramelan.

J’ai des sentiments partagés d’excitation et de curiosité, ne sachant pratiquement pas à quoi m’attendre en la matière… Je le saurai bien assez tôt, car à peine le temps de rejoindre en courant le lieu de cours et passé le petit tour de présentation des participants, me voici avec un calibre ETA 6497 dans les mains. Mais que vais-je en faire ? Hé bien le démonter mon bon Monsieur, comme ça, sans crier gare ! Diantre, voilà ce qui s’appelle être plongé dans le vif du sujet !

Piloté via des écrans renvoyant l’image de la manipulation exécutée en même temps par notre formateur, je dois avouer que les choses se sont bien passées, il est vrai que comme tous les petits garçons, j’ai toujours trouvé plaisant de démonter un tas de choses. Peu de suspens sur la prochaine étape, promise pour le surlendemain, seconde soirée, le remontage !

J’ai oublié de vous dire le plaisir consistant à traverser les paysages du Jura, des Franches-Montagnes en particulier, faisant de mon trajet un plaisir plutôt qu’une punition. Mais pour l’heure, il s’agit de remonter ce diable de calibre, étalé devant mes yeux en une multitude de platines, ponts, rouages et vis, plus quelques pièces aux noms pour l’instant ésotériques pour moi. Les « tirette », « rochet », « coq » et autres « barillet » finiront par devenir familiers, au fil des démontages et remontages successifs, qui à chaque fois, serviront à nous apprendre de nouvelles choses.

Pour ce premier remontage, j’ai eu le plaisir de faire la constatation que, bon an mal an, mes gros doigts ayant fait fonctionner une toute autre mécanique – faire le trajet en moto pour me rendre à mes cours est en effet une belle façon de profiter de l’itinéraire – juste avant de me mettre une loupe sur l’œil gauche, ces gros doigts donc ne me trahissent pas pour cette tâche demandant finesse et précision. Cependant, je me suis fait la remarque qu’en horlogerie, « remonter l’ancre » est bien plus compliqué que cela ne doit l’être pour le capitaine Haddock ! 

Au fil du temps donc, remontage après remontage, me voici en train de me familiariser avec de nouvelles techniques, de nouvelles opérations indispensables au bon fonctionnement de ces mouvements qui finiront peut-être par perdre en magie, mais surtout pas en fascination !
Ne disais-je pas moi-même que j’escomptais « transformer la magie en savoir » il y a peu ? Me voilà comblé !

Après le remontage « simple » du début, j’apprends à « contrôler les ébats » Non pas que je me retrouve dans un office de planning familial ou encore inspecteur aux mœurs, non, mais il s’agit de s’assurer que le jeu libre de chaque rouage, pris entre ses « rubis », corresponde à une certaine valeur ; et à propos de valeur, les rubis en question sont synthétiques me dira-t-on, ce qui finira pas décevoir mon fils qui pensait me subtiliser mon calibre pour les récupérer !

Pour ce faire, me voilà en train de « pousser  des pierres » avec l’application d’un esclave érigeant le temple d’un pharaon… Comme je le craignais, m’en prendre ainsi à des rubis ne pouvait que finir « à la potence », du nom de l’outil ad hoc !

Une des étapes suivantes sera dévolue au graissage et à l’huilage, à ne confondre sous aucun prétexte. Sur ce coup-là, je dois avouer avoir été épaté ! La petitesse et la minutie de ces opérations m’ont laissé pantois, lorsqu’il s’est agit d’aller « chatouiller » les extrémités de l’ancre pour les enduire d’une infinitésimale gouttelette d’huile, j’ai bien cru un instant être en train d’appliquer du déodorant sous les aisselles d’une fourmi !

Comme rien ne semble arrêter notre formateur, il lui a également pris l’envie de nous faire faire quelque chose que tout être sensé se refuse à tenter, ou même à imaginer : faire sortir un ressort de son logement !!  En l’occurrence le ressort du barillet, si ! Et bien-sûr, il s’est ensuite agit de le remettre à sa position initiale ! Malgré d’intenses précautions, cela n’a pas manqué, ce diable de ressort s’est échappé comme... le diable de sa boite ! 

Pourtant, à l’heure où je vous parle, ce calibre est bel et bien remonté et fonctionnel, prodige de l’apprentissage ou destin mû par des forces supérieures, allez savoir, mais pour l’instant, ma formation tient la route, grâce aux ponts et chaussées bien à leurs places !
Ce qui m’attend désormais, c’est de se remettre à tout cela et sans doute plus encore, mais sur un nouveau calibre, plus petit, et plus compliqué, une chose qui me réjouis plus qu’elle ne m’effraie !

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