lundi 14 janvier 2013

Question de temps



Question de temps !

Le temps nous est compté, il faut prendre le temps, de temps en temps, de temps à autre, le temps qu’il fait… 

Le mot « temps » semble être totalement incontournable, qu’il représente le temps qui passe, qu’il serve à se situer « dans le temps » justement, ou encore qu’il évoque le climat qui nous entoure à un moment donné, il semble bel et bien qu’il soit aussi incontournable qu’on le dit, et que nous en soyons bel et bien prisonnier !

Alors le temps, je l’ai pris, justement ! Il est amusant de constater d’ailleurs, qu’aussi insaisissable soit-il, on peut « le prendre ». D’ailleurs, n’est-il pas lui-même un peu emprisonné par petits morceaux, dans toutes les montres et horloges réparties sur la planète ?
J’ai pris le temps disais-je, d’en passer, du temps (vous voyez ? on n’en sort pas), dans les Franches-Montagnes, à la recherche de réponses à des questions que l’on se pose « tout le temps », ou à d’autres que l’on ne se pose jamais…

J’ai donc visité tout d’abord l’exposition « homo temporis » aux Cerlatez, à coté de Saignelégier, en compagnie du président de la Fondation horlogère Monsieur Jean-Jacques Borgeaud. Nous nous sommes amusés à constater justement à quel point une conversation quelconque ne peut se passer de références au temps !  La mesure du temps a ainsi revêtu au cours des âges et des civilisations humaines de nombreuses formes, qu’elle serve à déterminer le juste moment de semer ou de récolter divers produits du sol, ou qu’elle serve à sacrifier du temps à des obligations religieuses, elle nous accompagne à chaque instant… et vous aurez remarqué que rien que pour dire cela, impossible de s’écarter du mot « temps » ! 

Les premiers cadrans étaient spécialement écologiques, puisque solaires, rien d’étonnant donc à ce que cette exposition se tienne au « centre nature » Les Cerlatez. Passé ce moment à imaginer la vie des anciens horloger pour lesquels, « en ces temps là », le temps passait différemment, je m’en suis allé à la découverte de l’autre extrême de la mesure du temps, chez un acteur devenu incontournable du marché horloger, Swissfinest SA.

Alors qu’il n’en pas, Fabrice Thueler m’en a accordé beaucoup, du temps ! Occupé à peaufiner les dernières étapes du chantier devant métamorphoser l’ancienne bâtisse du préfet en nid d’aigle dominant le paysage horloger autant que géographique, il m’a quasiment pris par la main pour m’expliquer tout et plus encore sur son métier, avant même que j’en vienne à lui poser quelques une des questions existentielles qui m’occupent, au sujet de la question du temps, et de sa mesure ! 

Mais je finirai par avoir quelques pistes pour comprendre pourquoi dans ces Franches Montagnes, l’horlogerie est si présente. Fabrice Thueler lui-même semble avoir transformé une presque obligation - 85% de la force ouvrière étant selon-lui concernée par ce domaine -  en passion et en innovation, puisque sortant des sentiers battus pour aller dans le sens des mouvements plutôt que de rester dans la boite.  D’ailleurs justement, en parlant de mouvement, à la question de savoir pourquoi diable les aiguilles d’une montre tournent… dans le sens des aiguilles d’une montre, nous avons convenu d’une réponse qui ne manquera pas de faire causer dans les manufactures ! 

La réponse aurait un rapport avec les lois universelles de la gravitation si bien que si le premier horloger était né dans l’hémisphère sud, tout comme l’eau tournant là-bas « à l’envers » en se vidant, les aiguilles de sa première horloge se seraient retrouvées à tourner dans l’autre sens !
Quelque chose me dit que cette audacieuse théorie va me suivre un sacré bout de temps, et sera abordée lors de toutes mes prochaines rencontres ! Il me faudra sans doute remonter le temps, à défaut de remonter ma montre, pour en savoir plus. 

Pour l’heure – vous voyez qu’on ne peut parler de rien sans parler du temps – j’apprends qu’on ne le mesure pas, le temps, pour les employés de Swissfinest, car à 1000 mètres d’altitude, on connait sa valeur d’instinct, et on quitte le travail uniquement lorsque « les machines tournent ». D’ailleurs, elles tournaient, les machines, en plein milieu du week-end prolongé de l’ascension, il n’y a pas de syndicat pour les machines de haute précision qui tournent « tout le temps » ! 

Ici donc, on « prend le temps », mais pour faire de la qualité, et non de la quantité, en dehors des limites du temps, il y aussi celles de l’espace, Swissfinest SA ne pourra pas être plus grand à l’avenir.
En son temps, Fabrice Thueler avait déjà  dit que la taille de l’entreprise comptant alors une trentaine d’employés n’évoluerait pas, mais vivant « avec son temps », il s’est adapté, et a doublé de taille, mais cette fois c’est pour ne plus grandir. On verra si le temps lui donnera raison !

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